GBR Cluzel : "Nous sommes taillés pour veiller et réagir" © Valérie Koch - Tous droits réservés

GBR Cluzel : « Nous sommes taillés pour veiller et réagir »

Entretien avec le général de brigade Laurent Cluzel, nouveau commandant supérieur (COMSUP) des Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), une semaine après sa prise de fonction.

Ce matin, le nouveau patron des FAZSOI a reçu la presse réunionnaise pour un premier échange autour des missions qui l’attendent au poste de COMSUP. Un poste à la fois stratégique (la présence militaire française dans l’océan Indien s’articule autour des FAZSOI), et diplomatique (assurer la souveraineté de la France implique de composer avec les différentes sensibilités des partenaires dans la zone sud de l’océan Indien).

Enfant de la Grande Ile (il est né à Diego Suarez), le général Laurent Cluzel confiait son émotion lors du survol des territoires de l’océan Indien à son arrivée à La Réunion. Élève officier à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion général Guillaume, il est entré au au 11e régiment d’artillerie de Marine (11e RAMa) en 1994. Son parcours l’a amené de Canjuers jusqu’en Nouvelle-Calédonie en passant par Mayotte (DLEM), la Côte d’Ivoire (opération Licorne) et Paris (cours supérieur d’état-major, collège interarmées et postes auprès du ministre de la Défense et du Premier ministre). Il a également été chef de la division opérations de l’état-major des Forces françaises du Cap-Vert, chef de corps du 3e RAMa, chef d’état-major de la 6e brigade légère blindée et chef d’état-major de l’état-major de zone de défense de Marseille.

Fier d’entamer cette nouvelle aventure dans le sud de l’océan Indien, il salue l’action de son prédécesseur, le général Métayer, lequel est désormais à la tête de la division emploi de l’EMA (« un atout pour garantir la cohérence de notre dispositif Outre-mer »).

Depuis sa prise de fonction en début de semaine dernière, le général Cluzel a entamé son tour d’horizon des emprises et des forces terrestres, aériennes et navales françaises présentes à La Réunion et à Mayotte (le 2e RPIMa et le DLEM pour les composantes Terre, le DA 181 pour la composante Air, les 5 bâtiments de la Marine nationale et les bases navales de La Réunion et de Mayotte pour la composante Mer), a rencontré les différents représentants des autorités, services de l’état, gendarmerie, et embarque demain sur le BSAOM Champlain pour une séquence d’entraînements interarmées à la mer avec les parachutistes du 2e RPIMa.

« Nous avons de très belles unités qui nous permettent d’assurer notre mission de protection », affirme le général. « Nous sommes d’abord des forces de souveraineté, dédiées à la protection de notre territoire national, de nos concitoyens, de nos intérêts dans la ZSOI. Des forces de présence également, représentant le chef d’état-major des Armées dans cette partie du monde, auprès de nos partenaires comme la SADC, la COI ». Le niveau opérationnel des forces (au passé riche) est reconnu, et permet d’être à la croisée de ces missions de souveraineté et de présence, et de rayonner dans la ZRP.

Taillés pour veiller et réagir s’il le faut

Deux grands axes de travail ont été relevés par le nouveau COMSUP : la préparation opérationnelle et la coopération. Le premier est induit par la mission des FAZSOI dans leur zone de responsabilité permanente (ZRP), et, souligne le général, « nous oblige à un niveau d’entraînement poussé, une inter opérabilité entre les forces pour être toujours prêts à être déployés sur le territoire national ou sur un autre théâtre, ou à accueillir des renforts ». Les quelques 2000 hommes qui arment les FAZSOI (l’organisation interarmées, des états-majors aux unités, sans oublier les soutiens, humain, santé, infrastructures, etc, qui lui confèrent une grande autonomie) représentent un format équilibré pour garantir la continuité de la mission, tant en avant-poste qu’en point d’appui.

GBR Cluzel : "Nous sommes taillés pour veiller et réagir" © Valérie Koch - Tous droits réservés

Du côté des moyens, la base navale se prépare pour accueillir les deux nouveaux patrouilleurs Outre-mer (POM) attendus d’ici 2023 (en comptant une période de tuilage pour assurer la continuité avec les deux bâtiments qui devraient sortir du service). Objectif : conserver le niveau capacitaire sur la durée. Quant à la guerre dans les champs immatériels, pas question de la négliger, les réseaux numériques n’ayant que faire des distances géographiques.

La coopération, second axe de travail, a été quelque peu mise à mal par la crise COVID depuis 2020, même si les relations, les contacts et les liens perdurent. Il s’agit donc d’ « entretenir et développer les liens de coopération que nous avons avec les différents pays de la zone, en surmontant les conditions sanitaires actuelles ». Notamment avec les pays d’Afrique de l’Est. La crise sécuritaire qui secoue le Mozambique depuis le premier trimestre 2021 est d’ailleurs source d’une attention soutenue de la part des FAZSOI, plus proches acteurs militaires français sur le théâtre « zone sud de l’océan Indien ».

« Cette tension du radicalisme au Mozambique est un point d’attention majeur. Nous restons très très attentifs. Il s’agit de ne pas sous-estimer ce que cela peut signifier non seulement au Mozambique, mais par diffusion, chez les pays voisins. Pour avoir beaucoup œuvré au Sahel notamment, j’ai une petite idée de ce que signifie le combat contre des groupes armés terroristes ou des groupes djihadistes ».

GEN Laurent Cluzel

(NDLR : il a été déployé au Mali sur l’opération Serval en 2013, puis en Centrafrique comme chef d’état-major interarmées de la Force Sangaris en 2015, et enfin, il fut représentant du Général commandant la Force Barkhane auprès des armées du G5 Sahel en 2019. Rappelons également qu’il était chef de la division formation/préparation à l’engagement au CFT ces deux dernières années)

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« Dans l’immédiat, on peut observer que dans la sous-région, un certain nombre d’actions/d’opérations ont été conduites au profit du Mozambique, par différents pays notamment le Rwanda ou encore l’Afrique du Sud. De notre côté, on travaille en ce moment à l’organisation d’un déplacement officiel de ma part vers le Mozambique.
C’est un des axes d’efforts pour concourir à l’effort de sécurité, de régulation, face à ce danger, de la même manière que nous travaillons en lien avec différents pays sur la sécurité maritime dans le canal du Mozambique. Nous sommes confiants, car nous sommes taillés pour veiller et réagir s’il le faut, avec discernement, et si besoin, avec des forces complémentaires ».

Ces défis et perspectives stimulantes, le général Cluzel entend les relever avec enthousiasme. //VK (photos © Valérie Koch – Tous droits réservés)

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